La consolante - Anna GAVALDA
« Charles Balanda, 47 ans, architecte à Paris, apprend incidemment la mort d'une femme qu'il a connue quand il était enfant, et adolescent.
« Il déchire la lettre et la jette dans la poubelle de la cuisine. Quand il relève son pied de la pédale et que le couvercle retombe, clac, il a l’impression d’avoir refermé, à temps, une espèce de boîte de Pandore, et, puisqu’il est devant l’évier, s’asperge le visage en gémissant.
Retourne ensuite vers les autres. Vers la vie. Se sent mieux déjà. Allez... C’est fini.
C'est fini, tu comprends ?»
Le problème, c'est que non, il ne comprend pas. Et il n'y retourne pas, vers la vie. Il perd l’appétit, le sommeil, abandonne plans et projets et va essayer de comprendre pourquoi tour se fissure en lui; Et autour de lui. Commence alors un long travail de deuil au bout duquel il est obligé de se rendre à l’évidence : l’échelle de cette vie-ci est illisible et il faut tout rebâtir.»
Voilà, j'ai fini La Consolante. J'attendais ce livre depuis environ trois ans et demi, c'est-à-dire depuis que j'ai refermé Ensemble, c'est tout. Le problème, c'est que j'ai été déçue. J'avais envie de magie, d'alchimie entre les personnages, de sentiments du quotidien, de l'essence-même du style gavaldien (gavaldesque ?). Malheureusement, je n'ai rien retrouvé de ce qui m'avait plu dans ces ouvrages précédents. Les personnages ne sont pas consistants, on n'a pas envie de compatir, on a plutôt envie de les secouer pour qu'ils réagissent. Il m'a été difficile de rentrer dans l'histoire : on ne sait pas de qui on parle, de quoi, qui sont les interlocuteurs de la conversation. Non, j'exagère à peine. Les caractères ne sont pas assez creusés pour qu'on se les approprie, pour les faire nôtres et avoir envie de les voir évoluer et grandir.
L'écriture n'est pas aussi maîtrisée qu'on pourrait s'y attendre. J'ai trouvé ennuyeux que les pronoms personnels sautent régulièrement. Je sais, c'est un procédé narratif. Mais est-on obligé d'user du même procédé narratif pendant des pages et des pages ? De faire des phrases très courtes et d'aller à la ligne pour commencer la suivante ? Cela rend la lecture hâchée, pas très facile à suivre.
Bien sûr, il y a quelque bons moments : le personnage de Kate est très vivant, on a forcément de l'empathie pour une femme comme elle. Au début du roman, Charles fait une description des ses soeurs et de leurs maris qui vaut son pesant de cacahuètes. On est ému de la relation qui se tisse entre Charles et sa belle-fille. Mais tout cela reste en surface et on n'a pas envie de faire l'effort d'aller creuser.
J'ai une théorie bien à moi : j'ai adoré Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, beaucoup moins Je l'aimais, j'ai craqué pour Ensemble, c'est tout et très peu pour La consolante. Un sur deux. Parions que le prochain roman d'Anna Gavalda soit du meilleur cru. En même temps, je suis nulle en maths, ne m'en veuillez donc pas si je me trompe, chers Bérénice Addict...