La chaussure sur le toit - Vincent DELECROIX
A Paris, sur le toit d'un immeuble, il y a une chaussure. Comment est-elle arrivée là, nul ne le sait. Ou plutôt, chacun a une interprétation différente. Cette chaussure est-elle une oeuvre d'art contemporain ? Le moyen qu'a trouvé un mari éconduit pour se venger du nouvel amant de sa femme ? Le symbole d'un amour à jamais perdu ? Ou la solution trouvée par une vieille dame esseulée pour se faire de nouveaux amis ?
On ne peut pas tellement parler de roman pour le livre de Vincent Delecroix, mais plutôt de récits imbriqués les uns dans les autres, qui prennent l'alibi d'une chaussure pour nous montrer différentes facettes de la vie humaine, qu'elles soient remplies d'amour ou vides de tout contact. J'ai trouvé que l'écriture était très bien maîtrisée, au service d'une histoire qui pourrait paraître tirée par les cheveux (pardon, capilotractée, où avais-je la tête ?). Parfois cruels, les différents récits m'ont touchée à divers degrés, mais en tout les cas, il faut reconnaître à l'auteur la faculté de vous faire partager avec ses personnages tous les sentiments qui les traversent : désespoir (de voir son fiancé sans-papier ramené à la frontière), folie (un ancien présentateur vedette se fait enfermer dans un appartement pour philosopher), indifférence... L'histoire qui m'a le plus touchée est celle de la grand-mère qui harcèle les pompiers pour qu'ils viennent retirer la chaussure qui se trouve sur le toit, en face de chez elle. Ce n'est pas seulement laid, c'est surtout le moyen d'avoir de la compagnie. Cela pourrait passer pour de la morale (voyez ce que les vieux sont capables de faire pour se faire remarquer. Et leurs enfants, ils ne s'en occupent pas ?) mais le récit prend une autre tournure, qui m'a - un peu - réconciliée avec le genre humain. Un peu, j'ai dit !
Vincent DELECROIX, La chaussure sur le toit, Gallimard, 2007 / Folio, 2009