La chambre d'Albert Camus - William REJAULT
En quarante-six nouvelles, Ron brosse le portrait de son métier d'infirmier. Un métier intransigeant, ingrat mais passionnant.
J'ai bien aimé ce recueil, même si j'ai regretté leur brièveté pour la plupart. Le style est ciselé, les mots heurtent, savent exprimer la rudesse des situations. Même si l'exergue précise qu'il s'agit d'une oeuvre de fiction, j'ai eu le sentiment d'apprendre beaucoup sur l'état de la santé en France aujourd'hui. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le constat est alarmant. Le plus effrayant pour moi concerne les hôpitaux psychiatriques. Lisez plutôt :
"Le grand con frisé me pousse vers l'avant et donne un coup de pied dans la couverture marron.
- Lève-toi feignasse et explique à ce puceau de la psy ton problème, il connaît rien aux malades mentaux, montre-lui ce que c'est qu'un psychotique".
J'étais effarée devant cette scène ! Je ne me permets pas de juger, ce serait déplacé, mais on se demande parfois qui est le plus fou des deux, du malade ou du soignant.
Même si l'envie de faire réagir et d'ouvrir les yeux aux lecteurs est très présente derrière chaque nouvelle, il s'agit avant tout d'un bon moment de lecture qui vous fera changer de regard sur le monde médical. A ne pas lire en cas d'hospitalisation / de passage d'un infirmier à votre domicile / de visite médicale professionnelle... ne remuez pas le couteau dans la plaie inutilement.
"Ca me dépasse , moi, les gens qui meurent.
C'est vraiment inutile, la mort, c'est ridicule, ça sert à rien."
Merci à tous les Ron qui s'occupent de nous et qui trouvent que "la mort, c'est ridicule".
William Rejault, La chambre d'Albert Camus, J'ai Lu, 2008