Le magasin des suicides - Jean TEULE
Même si tout le monde connaît le sujet du livre, je refais un résumé pour ceux qui n'auraient pas été en France ces deux derniers mois ! Mishima et Lucrèce Tuvache tiennent le magasin des suicides dont le slogan est "Vous avez raté votre vie, avec nous vous réussirez votre mort". Voyez un peu l'ambiance... Ils ont trois enfants, qu'ils espèrent voir reprendre la succession le moment venu, Vincent, Maryline et Alan. Le problème, c'est que le petit dernier respire la joie de vivre, il ne dit pas "Adieu" mais "Au revoir" aux clients qui sortent du magasin, quand un avion s'écrase, il ne retient que le nombre de rescapés, bref, c'est un empêcheur de se suicider tranquillement. Il dissuade même quelques personnes de passer à l'acte.
Je ne vais pas être originale par rapport à tout ce que j'ai pu lire sur d'autres blogs, mais tant pis : c'est une lecture sympathique, pas très soignée littérairement parlant, mais qui fait sourire. Peut-être un peu de subtilité n'aurait-elle pas fait de mal, parce que l'auteur enfonce tout de même le clou de manière vraiment appuyée, mais la fin est très inattendue, ce qui laisse sur une impression de grande maîtrise de l'ensemble. Jean Teulé aurait-il réussi à nous berner tout au long des 157 pages de son ouvrage ? Il y a des chances...
Quelque chose m'a tout de même mis mal à l'aise dans ce livre, c'est la critique sous jacente évidente de notre société. L'action se passe dans le futur, et si les gens ont tellement envie de mettre fin à leurs jours, c'est parce qu'ils ne voient plus de lueur d'espoir. La pluie qui tombe est acide, les gens vivent dans de grands complexes immobiliers où personne ne se connaît, il n'y a plus d'herbe, les religions n'existent plus... Et si Jean Teulé, sous couvert de nous amuser, de nous distraire, nous disait "attention, voilà ce qui va se passer si on ne fait rien, si on ne change pas de comportement très vite". J'ai eu froid dans le dos à l'idée que mes descendants (si j'en ai un jour) payent nos erreurs.
Je n'ai pas fait que rire, finalement...