Les Papas du dimanche - François d'EPENOUX
Le héros de ce roman n'a pas de prénom, c'est un papa du dimanche. "Du dimanche, comme on dit d'un pêcheur qu'il est un pêcheur du dimanche, avec tout ce que l'expression peut revêtir d'amateurisme, de tendresse, de passionné aussi. Papa de l'impro, papa des cours de rattrapage, papa au long cours et au petit matériel. Papa qui rame, qui rit, qui pleure."
Nous découvrons ce que peut être un dimanche pour un papa qui ne voit ses enfants que deux jours toutes les deux semaines. Chaque moment est à savourer, à garder en mémoire. Il faut surtout négocier pour qu'une broutille ne dégénère pas en dispute car il n'y a pas le temps pour les bagarres quand on est un papa du dimanche.
Ce texte a été une découverte émouvante et juste pour moi. Dès les premières pages, pendant lesquelles le narrateur nous explique la séparation et la descente aux enfers qu'elle a engendrée, j'ai été séduite par la forme de la narration. "... et il pense très fort à Boucle d'Or, son amoureuse pour toute la vie, partie un jour avec devinez qui, son amie Oui-Oui, tout ça parce que Boucle d'Or aimait les choses gentilles chuchotées à l'oreille. Mais un jour de pluie, c'était arrivé, Boucle d'Or aimait les choses gentilles chuchotées à l'oreille. Un jour de pluie, c'était arrivé, Boucle d'Or avait vraiment quitté Petit Ours Brun, elle était montée dans la belle voiture rouge et jaune de Oui-Oui et elle souriait, elle semblait heureuse."
Chaque étape de la journée est à la fois une joie et une épreuve car le spectre du retour chez la maman rôde. Le papa n'a qu'une journée pour rattraper le temps perdu, noter les progrès effectués, essayer de suivre les résultats scolaires. Il faut tenter de savoir pourquoi une telle n'est plus la copine de sa fille aînée, qui est Madame X de la vie de son fils. Chaque acte est rendu plus difficile que pour un papa ordinaire. Il ne faut pas éveiller de jalousie entre les enfants, ne serait-ce que lorsque l'on désigne l'un d'eux pour appuyer sur le bouton de l'ascenceur.
Il y a également une analyse très fine des rapports homme/femme que je ne peux retranscrire en intégralité. Je vous en mets un extrait qui j'espère, reflète ce que je veux dire le narrateur. "Moulinex a libéré les femmes pour faire plus vite la cuisine mais ce sont les hommes qu'elles ont bouffés tout crus avant de mettre des tailleurs et de gagner de l'argent. Ensuite une star a dit qu'avoir un bébé était une révélation, alors les femmes ont décidé d'avoir des bébés et plein de temps pour elles, histoire de faire des confitures maison parce qu'il ne faut surtout pas passer à côté des choses simples.
Tout est allé très vite, mais dans ce beau chaos, il y a un petit mouchoir qu'elles ont laissé tomber à force de marcher vite : la douceur. Dommage, c'est juste ce dont les papas du dimanche ont le plus besoin. "
François d'Epenoux, Les Papas du dimanche, Le livre de poche, 2009 (Anne Carrière, 2005)